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Meurtre d’un coupe de fonctionnaires de police

Passé la sidération, je voulais dire…

L’intégrisme religieux est criminel, partout et toujours. Il nous faut donc être vigilants, non pas vis-à-vis de la foi en Dieu, évidemment respectable, mais vis-à-vis du phénomène religieux, et de son emprise sur les hommes ; car le fonds de commerce des religions, c’est toujours la peur – et pas seulement de devoir un jour mourir –, l’incompréhension face à la douleur, et ce besoin de transcendance, proprement anthropologique.

 

Deux fonctionnaires de police ont donc été assassinés par un musulman pratiquant, dont on ne peut douter de la foi, et qui a revendiqué son acte au nom de ce qu’il croyait être le bien ou la volonté de Dieu. On a retrouvé son Coran, dans sa voiture. Pourquoi devrais-je douter de sa foi ?  Pourquoi devrais-je douter qu’il ne fût un lecteur assidu du livre reprenant le message transmis par l’ange Gabriel et le Prophète ? Un homme qui offre sa vie est en général sincère.

Il faut dire et accepter d’entendre que ce type de radicalité assumée jusqu’à la folie meurtrière est une production religieuse, en l’occurrence de l’Islam. Chaque religion pousse l’exigence d’orthodoxie jusqu’à la déraison. Car « chaque orthodoxie a pour opinion qu’elle est la seule bonne et la seule vraie. On n’a presque pas vu d’églises pour lesquelles l’intolérance, ainsi entendue, n’ait été un principe fondamental et une condition d’existence »[1].

Les musulmans français qui, pour l’immense majorité d’entre eux, ne demandent qu’à cultiver les valeurs de l’islam et à vivre tranquillement leur foi, ont beau jeu de déclarer que « ces gens volent leur religion »[2]. Ce crime est bien, en l’occurrence, une sécrétion de leur religion, qui ne peut évidemment être réduite à cela. Évidemment, ce n’est pas la meilleure possible, et l’islam a aussi ses lumières, et a su produire, en d’autres temps, une civilisation aujourd’hui disparue, auprès de laquelle notre occidentalité faisait pâle figure.

Toute religion a deux visages, l’un lumineux comme un soleil, cristallin comme une source de vie, l’autre noir et épais comme la nuit ; sans doute parce que la religion est le cadre symbolique d’une dialectique existentielle et essentielle, ou, pour le dire avec les mots de Feurerbach, parce que Dieu est une tentative d’objectivation de l’essence de l’homme : « L’être absolu, le Dieu de l’homme est sa propre essence »[3].

Les musulmans ne peuvent donc se considérer comme abusés, dépossédés par DAECH qui ne fait qu’interpréter un texte écrit pour l’être. Les islamistes « se contentent » d’utiliser ce que le Coran leur offre, sans trahir le texte, mais en privilégiant une lecture parmi d’autres possibles, et sans que les exégètes puissent objectiver une interprétation plus vraie qu’une autre. Car toute religion est essentiellement une interprétation, car ce n’est « que » le produit d’une révélation, qui est, elle-même, le produit subjectif de l’interprétation d’une vérité.

Terminons en disant, pour éviter tout malentendu, que les musulmans ne sont pas plus responsables, individuellement, de l’Islam, que les chrétiens du christianisme, ni des actes faits au nom de leur religion, ni des propos de leurs clercs.

[1]. E. Bournouf – La science des religions

[2]. Entendu à la télé ce matin

[3]. « L’essence du christianisme »