Le problème intégriste – suite

Peut-on refonder notre communauté nationale ?

Quand un pays n’a qu’une religion, ladite religion est toujours facteur de cohésion. Et c’est pourquoi Voltaire écrivait : « Partout où il y a une société établie, une religion est nécessaire ; les lois veillent sur les crimes connus, et la religion sur les crimes secrets ». Mais dès qu’il y a deux religions, c’est facteur de division ; dans tous les cas. Et j’invite chacun à méditer cette vérité première. Le catholicisme a fortement contribué à la construction de la nation française, comme l’islam ailleurs ; et l’oublier, c’est nier la réalité, autrement dit, faire de la politique. Mais ces temps ont changé, sans retour possible en arrière, et nous devons prendre garde à ce qui se construit sous nos yeux : deux communautés, deux nations sur un territoire.

Rousseau nous dit deux choses essentielles. Première leçon : « Partout où l’intolérance théologique est admise, il est impossible qu’elle n’ait pas quelque effet civil ; et sitôt qu’elle en a, le Souverain n’est plus Souverain, même au temporel ; dès lors les Prêtres sont les vrais maîtres ; les Rois ne sont que leurs officiers ». Je n’ai rien à rajouter à ce premier point.

Seconde leçon : « Maintenant qu’il n’y a plus et qu’il ne peut plus y avoir de Religion nationale exclusive, on doit tolérer toutes celles qui tolèrent les autres, autant que leurs dogmes n’ont rien de contraire aux devoirs du Citoyen ». C’est une parole de raison qui nous rappelle à la hiérarchie des normes. Peut-on s’en tenir à cette pétition de principe ?

Je pense que nous pouvons encore travailler au sauvetage de la cohésion nationale en refondant la laïcité, c’est-à-dire en l’occurence la république, et j’avoue d’ailleurs ne pas voir d’autre voie.

Car la laïcité ne peut plus se réduire à la neutralité de l’État. Il faut aujourd’hui reléguer les religions dans les sphères privées des consciences, et dans les espaces publics consacrés. L’État ne peut plus tolérer le fait religieux dans l’espace public ouvert. Il faut donc consacrer le droit à la croyance et à la mécréance, garantir le droit de chacun à adhérer à une religion, permettre et protéger la pratique religieuse. Sans doute ! Mais j’y pose deux limites : la pratique ne peut s’organiser dans l’espace public ouvert que de manière dérogatoire et spécifiquement autorisée (processions, et autres rassemblements…) ; le prosélytisme et l’expression de la foi doivent être interdits dans l’espace public ouvert. Et je distingue là, l’espace public ouvert, et les espaces « spatiotemporels » publics consacrés : un lieu de culte pendant le culte, un journal confessionnel, un site internet, une émission de radio ou de télévision confessionnelle, etc.

Je mesure toute la radicalité de cette proposition, mais elle répond à une autre radicalité, celle du terrorisme religieux. Si l’on n’en vient pas à cette extrémité, alors, jamais nous ne retrouverons de cohésion nationale. Et je conclus en revenant sur mon propos précédent, et ma dénonciation de DAESH, comme bras armé du salafisme ; L’Arabie saoudite avec l’aide des États-Unis a engendré DAESH pour promouvoir son idéologie, et j’entends bien qu’on ne saurait réduire l’islam au salafisme, ou l’oumma aux sunnites.

Le salafisme nous fait la guerre, et nous fait une guerre sale. Le royaume saoudien qui a financé (partiellement) la construction de 8 mosquées en France paye aussi tous les mois le salaire de 14 imans prêchant en France[1]. L’État français ferme les yeux, l’Assemblée nationale censée constituer la représentation nationale se tait, et les autorités musulmanes du pays si prompt à nous expliquer que l’islman n’a rien à voir avec le salafisme regardent ailleurs.

[1]. Je trouve cette info en page 3 de l’Echos du 2 août.

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